Au-delà de l´âge: pour une esthétique de soi

 

 Un beau matin, au réveil,  je me suis trouvée morte. (anahita)

«  [...] ( elles) n´avaient pas de jardin pour y planter des semences ni un canari qui chanterait en fin d´après-midi. (Elles)  ne s´occupaient que de déjouer la mort, tout en ne pensant qu´à elle, la devançant, la ruminant. »

                                                                                                              Isabel Allende

Vieillir, c´est un fait. Seule la mort, nous épargne la dégradation du corps. La vision perd de son acuité, les voix s´estompent, les forces se réduisent, les souvenirs remplissent souvent les creux du présent. Personne n´y échappe, à moins de disparaître avant, et ça, c´est une évidence. Mais vieillir  c´est un phénomène individuel, car les signes de l´âge ne se manifestent ni de la même manière, ni au même moment de la vie pour chacune/un.  

Toutefois, la vieillesse,  est une catégorie historique, ainsi que l´enfance, l´adolescence, la jeunesse. Ce sont des divisions arbitraires du chemin parcouru par l´humain et les traitements sociaux et juridiques donnés à ces catégories ont été variables, selon le temps et les injonctions sociales.(WEB, Oliveira, 2006)  Des personnages et des groupes sont ainsi créés suivant les valeurs et les contingences historiques : si, d´un côté un grand âge peut être synonyme de savoir et de respect, de l´autre il peut aussi exprimer la perte  de l´importance sociale, de la place au sein de la communauté, de l´auto-estime.

De nos jours, la vieillesse se définit différemment selon le sexe et la classe sociale, selon l´expérience constitutive de l´individu, les violences subies, les enfantements répétés, la surcharge des tâches, l´assujettissement aux normes, les conditions de vie. C´est ainsi que les femmes vieillissent plus vite culturellement que les hommes, pour le bonheur des cliniques esthétiques, car l´assujettissement aux images et aux représentations sociales de la « vraie femme » enfonce très vite les femmes dans les fissures sociales de la vieillesse.

La vieillesse est donc le grand mal qui doit être évité, l´état d´anéantissement social, « vieillesse », le mot imprononçable. Cachons vite les rides, les marques du temps, la technologie et la médecine sont là pour éviter le pire, la tare du vieillissement. La vieillesse ici s´estompe et n´ose pas dire son  nom, car dorénavant on parle de « troisième âge », « meilleur âge », « âge d´or » pour mieux cacher les rhumatismes et  les lombalgies et surtout, l´exclusion. Au Québec on voit encore des cheveux poivre et sel, des femmes qui n´ont pas peur des signes de leur âge ; au Brésil, toutes les femmes de plus de 40 ans deviennent rousses, couleur  vraisemblablement plus efficace pour cacher le blanc. Pour les plus nantis, les agences de voyage se jettent sur un nouveau marché : le tourisme pour des « seniors », forts de leurs retraites. 

D´ autres catégories d´âge sont également  historiques : pour les enfants se dessine très tôt un destin adulte dans les mœurs et l´habillement, immanquablement moulé dans la représentation binaire de l´humain. Les garçons se voient octroyer des espaces multiples et valorisés dans le social, tandis qu´aux filles on parle toujours  poupées, chiffons, séduction, dans les meilleurs des cas. Petites « femmes », images précoces d´un double destin : épouse ou prostituées, mères ou séductrices.  

Et puis il y a la catégorie des « jeunes » ( Duby, 1964) et les autres.  « Jeune adulte » ou « jeune » tout court, cette catégorie s´épelle au masculin, car il y a « les jeunes » et les femmes. Tout comme « les travailleurs » et les femmes, « les ouvriers » et les femmes, les sportifs et les femmes. Les femmes forment une catégorie à part, le « différent » sans lequel, cependant, il ne pourrait exister son  « référent », le masculin.

Dans l´actualité, l´itération des discours sur la « différence », basés sur la science notamment, essaie de voiler le fait que l´énonciation de la différence est aussi sa construction. Gayle Rubin (1975), dans les années 1970, avait déjà souligné le rôle des sciences et des idéologies ( anthropologie, psychanalyse et marxisme) dans la création d´un système sexe / genre, fondé sur une incontournable « différence » naturelle. Colette Guillaumin s´inquiète :

« Comment différentes ? De quoi ?[...] Parce qu´être différent tout seul, si l´on pense grammaire et logique, ça n´existe pas, [...[ On n´est pas différente comme on est frisé, on est différente DE... Différent de quelque chose. Pourtant, si les femmes son différentes des hommes, les hommes, eux [...] sont les hommes. » ( Guillaumin, 1978 :14-15)

Or, cette « différence » établie dans les rapports sociaux comme « nature » crée l´image idéal du féminin, la « vraie femme », modèle univoque qui réunit toutes les femmes dans une seule représentation. Cette image se compose de sexe – procréateur – et de sexualité- dirigée et définie par l´hétérosexualité, mais qui exige aussi un autre attribut, la jeunesse. 

Toutefois au départ, « la femme » n´a pas d´âge car son destin est tracé, bien qu´il passe, certes, par quelques détours comme le travail salarié ou le célibat ; mais  la « nature », destin incontournable, située entre maternité et don de soi, la fait vite  retourner au bercail.  Cette femme sans âge, se situe au niveau des représentations sociales qui habitent un imaginaire fondateur, « magma de significations sociales ». (Castoriadis, 1982)  Image fluide, formule consacrée par son itération,  « la femme »  se présente comme un modèle au singulier, réduisant l´expérience multiple de toutes les femmes à une appellation unique. « La femme » c´est un être bâti en corps sexué et nature, dont les visées politiques sont écrasées par son destin biologique. 

Colette Guillaumin analyse ainsi la « nature » qui définirait les corps des femmes:

[...] l´idée de nature ne se réduit plus à une simple finalité sur la place des objets, mais elle prétend en outre que chacun d´entre eux comme l´ensemble du groupe, est organisé intérieurement pour faire ce qu´il fait, pour être là où il est.[...] C´est la singulière idée que les actions d´un groupe humain, d´une classe, sont « naturelles » ; quelles sont indépendantes des rapports sociaux, qu´elles préexistent à toute histoire, à toutes conditions concrètes déterminées. » ( Guillaumin, 1978 :5 et 11)

Teresa de Lauretis se demande pourquoi les femmes ne se libèrent pas de « la femme »(de Lauretis, 1990). C´est d´ailleurs l´une des tâches les plus ardues qui reviennent aux féminismes : détruire « l´évidence » de la nature féminine, nature niée, refusée, rejetée, mais toujours ré-instituée dans les discours sociaux, de l´éducation formelle aux média électroniques. Combien même de textes féministes n´égrènent-ils pas « la femme » dans leurs argumentations ?

Ainsi, le langage devenu discours dans les pratiques sociales, agit-il dans le sens de la naturalisation des femmes autour de « la femme »  et ses fonctions dans le social, oscillant dans l´imaginaire entre prostituée / séductrice et mère. La maternité révèle l´essence des corps  dont le destin est biologique. La prostitution, naturalisée, se transforme en travail : le corps-marchandise devient un  fétiche qui  justifie la violence et assure l´appropriation sociale masculine des femmes. La femme-corps est « faite pour ça ».

  Les discours sur la  « nature » et la « différence » voilent les rapports sociaux qui les construisent et installent le féminin dans la lourde matérialité d´un corps géré par les fonctions génitales et administré de l´extérieur, comme le souligne Colette Guillaumin:

« L´absence (de désir, d´initiative, etc.) renvoie au fait qu´idéologiquement les femmes sont le sexe, tout entières sexe et utilisées dans ce sens. Et n´ont bien évidemment à cet égard, ni appréciation personnelle, ni mouvement propre : une chaise n´est jamais qu´une chaise, un sexe n´est jamais qu un sexe. Sexe est la femme, mais elle ne possède pas un sexe : un sexe ne se possède soi-même ».  (Guillaumin, 1978 :7)

Mais les corps des femmes, au pluriel, multitude, subissent les travaux et les jours... et les hommes : leur destin est ainsi marqué par le besoin de séduire, de se voir dans les miroirs des chambres et des couloirs, dans les yeux et le désir des autres.  Les teintures, les chirurgies plastiques, le maquillage à outrance, tentent d´évincer les fantômes de l´absence du désir d´autrui, d´un abîme identitaire qui s´approche à l´heure de la ménopause. Le fantôme de la vieillesse rôde et fondée sur la fermeté des chairs l´identité des femmes se vide de sens, s´étiole. Quelle estime de soi peut donc avoir une femme dont l´assurance se base sur la complaisance du regard ?

Par le fait même qu´elles sont définies en tant que corps et nature, sexe et   procréation,il en découle que les femmes subissent l´imposition  d´une  hétérosexualité normative, régulatrice et reproductrice, qui se veut              hégémonique. Hors du cadre  de cette fonctionnalité sexuelle, les femmes se trouvent donc dépourvues de leur amour propre. Si leur destin biologique n´est plus passible d´être réalisé, leur vie perd son sens, ses objectifs.

C´est ainsi que la  différence des sexes apparaît également lorsqu´il s´agit du vieillissement et de la valeur sociale attribuée aux individus : les femmes subissent une brusque interruption de leur importance sociale au moment de la ménopause.

   Éduquées, contraintes, convaincues, assujetties, étouffées dans leurs élans et leur créativité, placées avec rudesse, rigueur, sarcasmes, ironie (Groult, 1993) dans leur rôle de « femme », dominées, limitées, astreîntes à certains domaines, les femmes ont du mal à s´approprier et à cultiver un espace de liberté.  Entre ménages et couches, entre le travail salarié et leurs tâches « féminines » le temps passe vite et la ligne de partage de l´âge, de la ménopause, du flétrissement des chairs, se dessine. Qui en réchappe ? Les féministes, bien sûr, qui, chacune dans son créneau théorique ou dans les mouvements participatifs, créent de nouvelles représentations du féminin  et des pratiques politiques transformatrices.

Le dispositif de la sexualité

Corollaire de la procréation, la sexualité était considérée, avant les analyses féministes contemporaines, indispensable  à l´épanouissement des femmes,- devenir « femme » -  mais également le garant de sa « carrière » de mère /épouse. La séduction se révèle, ainsi,  une carrière pour celles qui battent des cils et sourient de façon aguichante, dont les gestes sensuels exposent le vide des corps modelés au service du désir d´autrui. Carrière qui s´achève au retour d´âge.           

Il y a une anxiété sociale autour de la sexualité qui n´est autre que l´action d´un dispositif historique très bien explicité par Foucault : 

« Celle-ci, [la sexualité] il ne faut pas la concevoir comme une sorte de donnée de nature que le pouvoir essaierait de mater, ou comme un domaine obscur que le savoir tenterait, peu à peu, de dévoiler. C'est le nom qu'on peut donner à un dispositif historique : non pas réalité d'en dessous sur laquelle on exercerait des prises difficiles, mais grand réseau de surface où la stimulation des corps, l'intensification des plaisirs, l'incitation au discours, la formation des connaissances, le renforcement des contrôles et des résistances, s'enchaînent les uns avec les autres, selon quelques grandes stratégies de savoir et de pouvoir. »(Foucault,1976 :139)

Le dispositif serait donc, pour une formation sociale donnée, le réseau qui lierait une pluralité hétérogène de lois, d´institutions, de propositions philosophiques, de décisions réglementaires, d´énoncés scientifiques, moraux, normatifs autour de la sexualité. (Foucault, 1988 :  244). C´est du « vrai sexe » qu´il s´agit ici, «  quelque chose qui a ses propriétés intrinsèques et ses lois propres[...] " (Foucault, 1976 :201) et qui s´exprime en sexualité débordante.

De nos jours, cette sexualité stimulée par tout un apparat médiatique et imagétique devient pour beaucoup de femmes l´axe de leur pensées et de leur vie. La fameuse série télévisée « Sex and the City » en est un exemple de choix : «  I lost my orgasm », se plaint l´une d´entre elles et toutes compatissent avec des mines contrites. Soyons sérieuses ! personne ne peut me faire croire à ces orgasmes instantanés, à ce plaisir « ineffable » produit en quelques secondes de cris et de secousses et servi comme modèle, sous toutes les coutures, à la télévision et au cinéma. Qui donc ose mettre en doute le plaisir de cet accouplement dont la pénétration est le but ? Qui donc installe le débat sur l´orgasme vaginal, à part les féministes ?                               

        L´hétérosexualité, en effet, ne trouve sa justification et son emprise que sur la procréation, avatar d´un féminin domestiqué. Il y a , dans ces images et ces histoires, tout un processus de répétition, de re-création d´un féminin dévoreur, insatiable, assujetti, et cependant content de l´être. Car les femmes ne sont  pas « le sujet » de leur sexualité : celle-ci est invariablement tournée vers de désir de l´autre, que ce soit pour l´éveiller ou pour le combler. L´hyper-sexualisation ne fait que raccourcir la vie sexuelle « utile » des femmes, fondée sur la jeunesse, catégorie à validité de plus en plus rétrécie.

Dans ce sens, une étude très récente[1] range du côté des maladies le manque de désir sexuel pour les femmes :

 « Hypoactive Sexual Desire Disorder (HSDD) is defined in the Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-IV) of the American Psychiatric Association, as diminished feelings of sexual interest or desire, absent sexual thoughts or fantasies and lack of responsive desire that causes marked distress or interpersonal difficulties and is not caused by a medical condition or drug. HSDD is a medical condition that remains largely under-diagnosed.”(WEB, 2008)

           En ce sens, le manque d´activité ou de désir sexuel culpabilise les femmes et remplit les cabinets des psy. Arrivées à la ménopause, le moment où la sexualité est libérée des grossesses indésirées, un grand nombre de femmes sombrent dans la dépression, car leur  identité de “femme”, les images de leurs corps se perdent au fil des années qui passent.

Gail Weber, qui s´intéresse surtout aux femmes âgées, considère que :

“[…] women suffer from this [depression] to a larger degree than men, and still tend to blame themselves. We need to help women understand that depression is a multifaceted disease involving biology, psychology, and culture, as well as the way in which women are seen. (WEB, Weber, 2007)

            La dépression est évidemment le signe de la perte des possibilités constitutives de leur féminité: la ménopause à la fois clôt la période de la procréation et installe les femmes dans une place ambiguë, sans une claire définition, par rapport au sexe et la sexualité. C´est bien pour cela qu´on se doit de cacher les cheveux blancs, d´effacer les rides, de combler les creux et aplanir les bosses, merci botox!         

 « Le sexe, c´est la vie ! » proclament la télévision, la radio, les publicités. Le dispositif de la sexualité, investissement social et économique – patriarcal et capitaliste - installe l´incontournable hétérosexualité au cœur du vivant, renforçant ainsi l´image du sexe « naturel », du « vrai sexe », (hétérosexuel), du besoin de sexe et de sexualité comme l´axe de la vie.

 Dans cette perspective, les femmes subissent et vivent la sexualité  de plusieurs façons : a) en tant que représentation  du  sexe lui-même ; b) en tant qu´objet de la sexualité ; c) en tant que proies à la sexualité ; d) en tant que corps façonnés par le désir d´autrui ; e) en tant que responsables de la sexualité et de ses conséquences procréatrices ; f) en tant que marchandises sexuelles d´échange ou de vente ; g) en tant que sujets d´un désir sexuel imprécis car rivé à une diffuse notion d´obligation / devoir / nécessité ; h) en tant que véhicules de transmission de maladies, i)etc. 

Ainsi, Foucault indique-t-il quelques stratégies historiques du dispositif de la sexualité qui ordonnent la place du féminin dans les rapports sociaux :

« Ainsi, dans le processus d'hystérisation de la femme, le " sexe " a été défini de trois façons : comme ce qui appartient en commun à l'homme et à la femme; ou comme ce qui appartient aussi par excellence à l'homme et fait donc défaut à la femme; mais encore comme ce qui constitue à lui seul le corps de la femme, l'ordonnant tout entier aux fonctions de reproduction et le perturbant sans cesse par les effets de cette même fonction; l'hystérie est interprétée, dans cette stratégie, comme le jeu du sexe en tant qu'il est l' " un " et l' " autre ", tout et partie, principe et manque. (Foucault, 1976: 201/202)

Si les femmes sont le sexe, l´âge, cependant, fait le scission : il y a celles, de plus en plus jeunes, faites pour la consommation et la procréation et les autres, les veilles, les fanées, celles qui n´ont plus de valeur ni marchande,- on les veut toujours plus jeunes-  ni reproductrice. Car le corps des femmes subit l´âge culturel lié à la possibilité de procréer et aussi de séduire, leur fonction « naturelle ».

Avec ses tentacules multiples, ses stratégies et techniques, ses pédagogies sociales, le dispositif de la sexualité, conjugué à un système patriarcal, instaure des espaces cloisonnés d´action et d´appartenance  politiques, divisés par sexe/ âge/ image corporelle. Pour les femmes, beauté et jeunesse font partie de leur définition : le manque de grâce, les formes imparfaites, un âge certain et c´est  l´exclusion, le bannissement social en tant que « femme », être dépendant du regard et du désir d´autrui.

La vie des femmes tourne ainsi autour du sexe de l´homme et de sa sexualité. Même le plaisir sexuel, tant revendiqué depuis les débuts des féminismes contemporains,  se base sur le modèle masculin : la performance, le nombre de fois, l´anxieuse attente de la prochaine rencontre sexuelle.  Cependant, dans un cadre d´hypersexualisation, il existe encore pour les femmes la recherche d´une certaine émotion au-delà des baisers gourmands, de l´arrachage pressé des habits, annonçant le besoin urgent d´une sexualité  jamais assouvie !

La ligne de partage

La ménopause se présente culturellement comme une fin, comme une perte du contrôlse du corps, comme une sorte de dégénérescence.  Le devoir et la possibilité de procréation régissent l´entrée des femmes  dans le social, mais également leur sortie. Que devient-on alors, lorsque l´âge de la procréation est dépassé ? Quel sens attribuer à une vie, dont la « nature » – le sexe- est  vidée de son importance ? La ménopause est la ligne de démarcation entre la pleine insertion sociale et la mise au rencart, corps et représentations se construisant mutuellement.

Lorsque Emily Martin analyse les métaphores de la ménopause dans les discours médicaux et biologiques, elle souligne notamment celles d´une production défaillante, d´un organisme fait et organisé pour la procréation, qui tout à coup perd ses moyens :

« En chaque point de ce système, les fonctions ont des « défaillances » ou oscillent. Les folécules ‘ne réussissent pas à rassembler leurs forces’ pour parvenir à l´ovulation. Au fur et à mesure que le fonctionnement a des ratées, les membres du système entrent en décadence : ‘les seins et les organes génitaux s´atrophient graduellement’, ils ‘se dégonflent’ et deviennent ‘séniles’. Reliques diminuées et atrophiées d´une ancienne essence vigoureuse et en possession de ses moyens, les ovaires ‘séniles’ sont un bon exemple des images vivaces employées dans ce processus.[...] Le fond du problème, présent dans les connotations de ces descriptions, est bien l´inutilité. (Martin, 2006 : 88)

L´assujettissement aux normes culturelles, à  l´image de la « vraie femme » est donc un facteur important pour créer l´inconfort psychologique et même physiologique. Emily Martin(Martin, 2006 : 258-276) relate, à partir de son analyse culturelle de la reproduction,  que les redoutables et fameuses « chaleurs » de la ménopause ont une tendance a faire irruption dans des situations de stress, où la sensation de perte de contrôle du corps se transforme en embarras :

« D´après mes interviews et  la littérature sur ce sujet  il est certain que les femmes associent les chaleurs à des situation qui les rendent  ‘ nerveuses’ ou quand elles désirent, spécialement, donner une bonne impression »(Martin, 2006 :262)

Dans le cadre du dispositif de la sexualité, qui invente la sexualité et  le sexe-vérité ultime de l´être, que devient-on au seuil de la ménopause, lorsque ce corps  n´est plus donneur de vie ? Que devient la sexualité des femmes âgées délestées de l´obligation de procréer et de l´obligation de séduire ou de conter les orgasmes pour se sentir vivante ?

Outre le dispositif de la sexualité, il en existe un autre, selon moi, commandé par la biologie, par la « nature » des femmes, celui que j´appelle  le dispositif amoureux, créé par les pédagogies sociales et les technologies de production du féminin. C´est, en effet, toute l´économie de l´apprentissage d´être « femme » par l´éducation formelle, familiale, les représentations et les images du féminin, qui deviennent partie intégrante de l´image de la « vraie femme ».

Ce dispositif est à l´origine d´un réseau de sens qui enjoint  le sexe social féminin à dispenser de l´amour, sous toutes ses formes, à s´occuper du bien-être de sa famille, à réaliser des oeuvres sociales, à avoir de la compassion, de la sensibilité envers les souffrances des personnes et des animaux, à s´occuper des enfants, des vieillards, des marginaux de la société. Les hommes sont ainsi dispensés de ces corvées, il n´ont pas besoin de s´affliger des souffrances qu´eux mêmes provoquent : cela ne fait pas partie des attributs de leur sexe social.  

Le dispositif amoureux actionne les images, les représentations, les valeurs, les normes, les lois, les institutions, les coutumes, des discours multiples provenant d´un ensemble de voix sociales : de la religion, de la tradition, d´une mémoire découpée en histoire, d´une science marquée par les stratégies de stabilisation des normes, autour de la « vraie femme ».

Du sceau de l´amour, les femmes sont ainsi marquées et construites : l´aspiration majeure,  l´objet de désir, le centre de gravité, l´amour est soupir, invocation, poème, vertige, il est l´expression et la nécessité des corps façonnés en femmes.  Par amour, les femmes sont capables de tous les sacrifices, de tous les assujettissements, d´abnégation, du don de soi.

 En fait, l´expérience qui les constitue en femmes,  traversée et instaurée par ce dispositif amoureux, ancre l´hétérosexualité et la maternité en tant que socles et moules. Ces piliers du processus de leur subjetivation, de construction de soi, sont ainsi liés aux besoins de renoncement et d´altruisme, selon les canons déterminant la « vraie femme ». L´économie du devoir et de l´amour sans bornes, composent ainsi la pratique du « véritable » féminin, de la « vraie femme ». Que fait-elle, alors, cette femme ménopausée au regard perdu ? cette femme supposemment hors du circuit de la reproduction, hors du cercle des désirs masculins, ceux-là  mêmes qui construisent son identité, son essence, autour des attraits et des fonctions de son corps ? Puisque elle n´est plus une « vraie femme », que devient ce corps sans définition, sans recours, sans destin ?

Ann Fausto Sterling a épinglé les représentations des femmes ménopausées dans le  fameux livre de 1969 « Tout ce que vous avez voulu savoir sur le sexe...etc » de David Reuben, qui s´exprimait ainsi :

« The vagina begins to shrivel, the breasts atrophy, sexual desire disappears... Increased facial hair, deepening voice, obesity... coarsened features, enlargement of the clitoris, and baldness complete the tragic picture. Not really a man but no longer a functional woman, these individuals live in the world of intersex » (Fausto Sterling, 1999 :169)

Et pour compléter ce tableau, un certain dr. Wilson, dont les recherches prônent l´utilisation d´hormones, notamment l´estrogène pour parer à toutes ces horreurs,  affirme :

« The unapalatable truth must be faced that post menopausal women are castrates. » (Fausto Sterling, 1999 :170)

Des géants de l´industrie pharmaceutique Ayerst Labs, Searle et Upjohn financent ces recherches  (idem) qui débitent ces propos intolérables, ce qui montre bien l´emprise capitaliste sur le corps des femmes. La consommation de l´estrogène est donc stimulée, car c´est l´hormone liée directement aux caractéristiques dites « féminines», en dépit de ses effets secondaires :

«  [...] such as breasts and overall body contours. It is seen as the quintessential female hormone. So where could one better direct one´s attention if, to begin with, one views menopause as the loss of  true womanhood ?(idem :170/171)

L´image de la « vraie femme » est une des représentations les plus ancrées dans l´imaginaire contemporain.

Si l´on considère la vieillesse comme une catégorie négative, une femme vieille, peut importe l´âge, est, à mon sens,  la femme assujettie à l´image de la « vraie femme », celle qui ne peut plus ou qui ne peut tout court accomplir le contrat sexuel, celui de la procréation, du mariage, de la séduction. Elle subit de plein fouet les injonctions sociales sur le corps féminin, sur ses fonctions, sur son destin biologique. Elle  cache la moindre ride, le plus petit cheveux blanc, elle affiche une jeunesse éternelle, faite de chirurgies qui lui retroussent le nez, lui tirent la peau, et la font paraître une caricature d´elle même, triste pantin à la recherche d´un regard, d´un sourire pour la rassurer de son existence.

C´est une attitude de dépendance vis-à vis de l´image corporelle, du besoin d´attirer et séduire, d´un vide existentiel qui se creuse dans son processus de subjetivation, sa construction incessante de soi: beauté, jeunesse ( synonymes ?)  séduction, procréation, où sont passés mes atours ?  Un ovaire défaillant, un utérus malade, le manque d´un sein, l´impossibilité d´avoir des enfants, ce sont quelques variables qui  écorchent l´image de la « vrai femme » ; il ne reste donc que des vieilles carcasses, bonnes à rien, puisque incapables d´accomplir leur destin biologique, leur destin de « femme ». C´est bien l´acceptation de tout cela, l´incorporation de ces représentations, qui constituent les femmes vieillies, des vieilles femmes en projet, qui le deviendront, de fait, avec l´âge culturel de la vieillesse.

Il y a des femmes aussi qui se réfugient dans le cadre du dispositif amoureux : grand-mères de tout le monde, la maternité surmonte le besoin de séduction dans leur processus de subjetivation. Mais elles tournent autour de leur destin biologique, et transforment la maternité en maternage.  Le corps n´a plus d´emprise, puisque les regards ne s´appuient plus sur lui, on peut grossir, se laisser aller, quelle importance ? Qui suis-je, moi, corps stérile, corps flétri, corps qui n´attire pas les regards, corps qui ne sent plus la brûlure du désir de l´autre, de l´homme, celui qui me donne essence et sève ?

La gestion de la vieillesse ou les féministes vieillissent-elles ?

La division des populations en tranches d´âge fait partie de ce que Foucault appelle le « biopouvoir » qui apparaît ...

 «  [...]  dans le champ des pratiques politiques et des observations économiques, des problèmes de natalité, de longévité, de santé publique, d'habitat, de migration; explosion, donc, de techniques diverses et nombreuses pour obtenir l'assujettissement des corps et le contrôle des populations. S'ouvre ainsi l'ère d' un " bio-pouvoir ".(Foucault, 1976:184)

Les stratégies de maniement des populations passent, dans cette perspective, par le contrôle des phénomènes de la vie, de la naissance à la mort. Ainsi, le bio pouvoir s´amplifie-t-il dans les voix des fondamentalistes tous azimuts : les églises et leurs hérauts continuent de prôner la discipline et le contrôle à outrance des corps des femmes dans leur sexualité et la procréation ; oh ! combien heureux étaient les temps où il n´existait pas de pilule contraceptive, où la virginité était la norme, où l´avortement était partout un crime ! 

 La gestion de la vieillesse et de la longévité attirent ainsi un capitalisme avide de  profit :  la prolifération  de maisons de retraite, des activités spécialisées, créent tout un marché, entraînant la formation expéditive des préposés/és aux soins .

Cependant, le vieillissement de la population rend nécessaires des soins spécifiques, alors que des maladies, telle celle d´Alzheimer[2], exigent des précautions spéciales  et spécialisées ; à la source de généreux profits, les maisons de retraite prolifèrent, tout en libérant les jeunes afin qu´ils puissent mieux se lancer sur le marché de la vie, du sexe et du bonheur.

 Les vieilles personnes sont désormais cachées, pour que ne soit pas exposé, avec leurs tremblements, notre propre destin. La longévité, tant prônée et désirée, a créé une rentable affaire en lieu et place du bonheur annoncé. Parquées dans des mouroirs, peu importe, en fait, si les vieilles personnes sont tristes et malheureuses alors qu´elles subissent la perte de leurs sens ou de leur raison. Le prolongement de la vie engendre et produit du capital : médicaments, hôpitaux, médecins, la vieillesse est le nouveau filon d´or.

De fait, la vieillesse annonce la mort, destin inexorable, masqué par l´élégie à la vie, par l´hypersexualisation, qui devient son noyau  et son moteur.

 Foucault en fait l´analyse suivante :

L'activité sexuelle s'inscrit donc sur l'horizon large de la mort et de la vie, du temps, du devenir et de l'éternité. Elle est rendue nécessaire parce que l'individu est voué à mourir, et pour que d'une certaine façon il échappe à la mort. (Foucault, 1984 : 152)

C´est, en effet, la description de notre temps : l´hypersexualisation pour faire face au seul destin inévitable, incontournable pour tous. Le dispositif de la sexualité, débordant de tous les côtés, se vide de sa puissance, et la sexualité par son exacerbation même, perd de l´intérêt.  Finalement, comment exorciser la peur de la mort par un exercice sans fin, toujours renouvelé et toujours inapaisé?

Alors, le pouvoir sur autrui déjà présent dans le partage sexué et binaire du monde, s´affirme encore plus dans le partage entre les femmes elles-mêmes par l´âge : la catégorie culturelle « vieillesse » est encore une autre sorte de violence imposée aux femmes, inconcevable entre féministes. C´est encore établir un partage de pouvoir et d´importance basé sur une catégorie sociale.

Que font les vieilles femmes de leur vie, de leur sexualité, de leurs désirs, quels plaisirs découvrent-elles une fois libérées de la contrainte des regards et de l´obligation du désir sexuel ? Et en fait, qui sont les vieilles femmes ?

Simone de Beauvoir demandait « qu´est-ce une femme ? » Mais ici, il faut surtout poser la question : qu´est-ce donc une « vieille femme » ? Ou qu´est-ce une femme vieille ?  Et je renchéris : qu´est-ce, alors, qu´une vieille féministe ?

Si l´âge est ainsi une affaire culturelle, qu´est-ce qu´une veille féministe ? À mon avis cela n´existe pas, des vieilles féministes. Monique Wittig affirmait qu´une lesbienne n´est pas une femme, puisqu´elle refuse le contrat hétérosexuel qui définit le féminin. Dans le cas de la vieillesse, j´estime qu´une féministe ne sera jamais vieille, car elle n´accepte pas les contingences imposées à la « vraie femme », dont le fondement est la jeunesse. Á l´extrême limite, une féministe serait-elle une femme, puisque sa définition se fonde sur une « nature » niée par tous les féminismes ?

Si je suis sans avoir le besoin du regard de l´autre pour me donner de l´importance, si je vis la liberté de me construire en expériences plurielles, si je n´ai pas besoin d´une identité fondée sur autrui, ou sur un organe quelconque, si je crée un espace de vie qui me plaît et me donne du plaisir, si je vis une sexualité sans le devoir de la fréquence, de la performance, de la procréation, si je me libère ainsi des asservissements institués par le patriarcat et par le capitalisme, je suis une féministe, point. Peu importe l´âge. La vieillesse est encore une catégorie qui emprisonne les gens pour mieux les dompter, les discipliner et en tirer profit.

En outre, les féministes ne sont pas de « vraies femmes », même si elles ne la savent pas. Car être féministe c´est vouloir changer le monde, en commençant par soi-même, refusant la soumission aux règles en vigueur qui modèlent les « vraies femmes ». Les féministes dérangent l´ordre établi, elles prennent la parole, elles n´acceptent pas une place déterminée par le biologique dans un social envahi par des pouvoirs multiples. Elles bouleversent l´ordre du discours, que ce soit dans le domaine du partage politique des sexes, de l´âge, de la sexualité. Non, une féministe n´est pas une « vraie femme » et le mot «  soumission » n´existe pas dans son dictionnaire. Jamais donc, elle ne sera une vieille. Peu importe l´âge.

Je m´amuse lorsque j´entends « Féministes historiques » pour désigner les « vieilles de la vieille ». Moi, par exemple, en quelque sorte. Depuis quand l´histoire est synonyme de vieillesse ? Il y a comme une pudeur d´utiliser le mot « vieille », mot outrageant, mot dérangeant, mot qui déclasse et déconfit. J´estime qu´il faut déranger les sens, là où ils se trouvent dans le but de discriminer, contrôler, opprimer, exclure.

 C´est beau d´être vieille, des cheveux blancs, des rides ici et là, il y a toute une sagesse qu´il ne faut pas ignorer, et prendre en compte toute une perception, une sensibilité,  une finesse d´approche, un calme qu´on n´acquière qu´au fil des jours. A moins de mourir.

Il s´agit donc ici d´une esthétique de l´existence, cette pratique qui construit un sujet politique, un sujet en devenir. L´eccentric subject, (de lauretis), est le sujet du féminisme, qui invente son lieu de parole,  son espace,  coupe les « nœuds sémiotiques »(haraway) qui attachent ses pensées, ses images, ses auto représentations autour de la « vrai femme ».

« C'est l'idée qu'il faut faire de son existence une belle existence; c'est un mode esthétique. » (Foucault, 1994 :397)

Foucault considère qu´il faudrait faire l´histoire de l´esthétique de l´existence dans le monde moderne (idem :630)ce qui, à mon sens,  inclut l´histoire des mouvements féministes. Les féminismes, selon moi, ont construit leur propre  esthétique de l´existence, refusant la discipline, le moulage des corps, la « nature » qui remplace la parole de dieu, la soumission aux hommes et aux injonctions sociales sur le « féminin », l´abjection d´une vie assujettie.

Au-delà de l´âge, la construction de soi, l´invention de la vie comme une oeuvre d´art,  dans l´itinérance des jours qui passent et s´amoncèlent. Je suis, oui, celle qui se construit dans l´expérience vécue, dans la création de soi, dans les pratiques politiques qui nient l´image de la « vraie femme » et s´invente en tant que féministe.

Une esthétique de l´existence est, d´un côté, le domaine de la créativité, de la production d´un savoir vivre, de la réécriture des modèles, ou mieux encore, de leur destruction. De l´autre, c´est vivre sans chaînes, sans l´obligation d´être autre que soi-même. Une esthétique de l´existence c´est la fin de la dictature de l´identité : je me construis au fil de l´expérience, au fil des jours qui me plissent peut-être les commissures des yeux, des lèvres, mais qui ne rognent pas ma vie, la réalité dans laquelle j´existe et ne m´emprisonne pas à un  corps défini et modelé en tant que  « vraie femme » avant même ma naissance.

 Quel âge a-t-elle ? Quelle importance ?!

Références

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[1] Results from the PRESIDE* survey, the largest study assessing the prevalence of female sexual problems, show that low sexual desire is the most commonly reported sexual problem in women aged 18 or older.1 In the new survey of more than 31,000 women, published today in Obstetrics & Gynecology (the Green Journal), nearly one in 10 women said they experience low desire with sexually-related personal distress, a condition that is medically referred to as).

[2] La maladie d'Alzheimer, incurable et très invalidante, touche environ 6 millions de personnes en Europe dont 860.000 en France. A partir de 85 ans, une femme sur quatre et un homme sur cinq sont touchés en Europe. http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/international/

europe/20081031.OBS8823/ue__sarkozy_souhaite_un_plan_alzheimer_dans_chaque_pays.html