Les femmes brésiliennes sur la scène du politique :de nouveaux rôles ?
- un petit tableau d´ensemble Le Brésil est un immense pays qui, s'étendant sur plus
de 8 millions de kilomètres carrés, représente presque la moitié
de l´Amérique du Sud. On y parle le brésilien, une transformation
mélodieuse da la dure langue portugaise. Une population de métisses, créée
Le Parlement brésilien a été dissout plusieurs fois depuis
Les mouvements des femmes au Brésil sont très nombreux, mais ils manquent d´homogénéité, tant du point de vue théorique, que sur le plan des stratégies adoptées pour atteindre leur dessein commun : accroître les droits, l´espace d´action et la participation des femmes, dans tous les secteurs socio-économico-culturel. Nous avons ainsi des réseaux féministes qui se spécialisent dans la santé des femmes ( accouchement, allaitement, droits liés à la maternité), les droits reproductifs, droits du travail et droit au travail, les réseaux contre la violence, l´aide et la protection aux femmes battues ou violées, etc… Le réseau universitaire est également étendu, avec près de mille plus de 700 groupes de recherche sur les femmes, tous cadastrés dans les universités brésiliennes. Dans les années 70 et 80, nous avons lutté pour la contraception, le droit à l´avortement ( acquis uniquement en certaines circonstances : en cas de danger de mort et de viol) le droit à une sexualité épanouie. La décade de 90 a été marquée Les stratégies : créer un leadership
(empowerment) pour Les premières femmes dans la politique –jalons de citoyenneté Dès la fin du XIX e siècle, les femmes
brésiliennes revendiquaient le droit à la citoyenneté, avec les libelles
de l´écrivaine Nisia
femmes se sont proclamées en faveur d´une éducation professionnelle,
commune aux deux sexes, qui permette un ample accès aux activités professionnelles :
le droit de Pendant dix ans, sans relâche, les Brésiliennes ont déployé
leurs efforts pour multiplier les moyens de pression et ont finalement
obtenu le droit de voter et d´être élues, ce qui n´a été entériné qu´en
1934 L´Assemblé Constituante de 1934, ne comptait C´était oublier les mouvements des femmes. Les mouvements féministes des années 70 / 80 ont
été très forts au Brésil, et ont réussi à casser quelques-uns des
moules rigides, qui figeaient la hiérarchie sociale et juridique, -politiques d´idées L´élite androcentrique a toujours gouverné le pays,
fait les lois et disposé des richesses. Au cours de la « Première
République » ( 1889), le Après avoir obtenu le droit de Les mouvements féministes vont éclater en pleine lumière
dans les années 70, et se mêler aux luttes contre la dictature ;
ce militantisme, n'a fait La question de la représentation des femmes au parlement
a suscité beaucoup de débats, notamment en ce qui concerne la question
des quotas. Les discussions intellectuelles De très nombreuses associations ont été créées, et les
groupes de pression ainsi formés, ont réussi a changer certaines politiques
d´État, des lois ont été votées pour la protection de la santé des
femmes, de son travail ; on a dénoncé la violence et le viol domestiques,
on a commencé à parler des femmes en tant Les années 90 voient apparaître des Ong féministes
en profusion, des réseaux d´action sur le terrain et/ Le développement des mouvements des femmes, a dû faire
Le nombre de femmes siégeant à la Évolution de la participation des femmes à la
Source: Suite aux actions et aux revendications
des mouvements des femmes, on peut aujourd´hui enregistrer un certain
progrès : lors des élections en 2002, 42 femmes ont été élues députées
fédérales ( - La présence et l´action affirmative Être présente, avoir un droit de parole et de décision,
représente un grand pas en direction de changements plus profonds et d´une
transformation des relations Les politiques de présence et d´action
affirmative, sont ainsi mises en œuvre Les catégories de empowerment
et advocacy, font partie d´un vocabulaire très présent de
La formation de leaders-femmes et leur formation
en vue de l´exercice du pouvoir politique, n´a cessé d´être prioritaire
dans les rangs des organisations féministes brésiliennes. Quelques- unes,
comme le Cfêmea, ( Dans la perspective d´une politique de présence, l´
advocacy se réfère aux tactiques de pression politique et à
l´articulation des organisations Par conséquent, les actions affirmatives mettent en pratique les deux perspectives citées plus haut, empowerment et advocacy, « […] afin d´ affirmer, récupérer et redistribuer les droits, […] équilibrer les relations de genre, de race/ethnie, de générations, ce qui ne manque pas de créer des polémiques, lorsque la décision peut entraîner une plus grande division des pouvoirs. » (Sonia Miguel, 2000) Ce fut le cas des quotas qui, à tous les niveaux, ont servi les candidatures des femmes aux élections brésiliennes. - Les quotas : les femmes au pouvoir ? Les données La Constitution brésilienne de 1988, déclare la totale égalité entre les femmes et les hommes. On constate cependant, que dans la réalité, la situation des femmes demeure défavorable par rapport à celle des hommes : dans le domaine de l´emploi, le salaire moyen des femmes n´atteindrait qu´ un salaire minimum et demi, tandis que celui des hommes, graviterait autour de 3,2 (1999), malgré le fait qu´elles auraient un niveau plus élevé de scolarité. (Yannoulas, 2002:21) Almira Rodrigues affirme que « le Brésil a ratifié tous les accords internationaux pour la construction de la citoyenneté des femmes et l´égalité de genre, mais […] malgré cela, on peut constater une grande distance entre les conquêtes légales et la réalité de la condition féminine et des relations de genre dans le pays. » (Rodrigues, 2001 : 89) Nous pouvons lire, dans le rapport le plus récent du PNUD : « (…) forger des liens entre les femmes politiques et les groupes de femmes, offre un soutien aux initiatives qui tentent de faire approuver des lois de défense des droits des femmes[…] » (PNUD, 2002 :70) Est-ce une constatation ou un souhait exprimé par cette organisation? Au Brésil cette articulation se fait non seulement par le biais des féministes engagées en politique, mais aussi par l´action et la pression des mouvements des femmes sur les femmes élues. L´analyse des discours parlementaires, nous permet de constater que l´absence ou la présence sporadique des femmes au sein du parlement brésilien, n´a pas suscité de grands débats ; à partir des commémorations du Jour International des Femmes, tous les 8 mars, (Miguel, 2000 :37) des discours enflammés critiquent ce fait, tombé dans l´oubli le lendemain. Les discussions se sont toutefois accrues, lorsqu´ en 1995 une politique de quotas pour les femmes dans les instances de pouvoir – législatif, exécutif et judiciaire- a été revendiquée non seulement par les mouvement des femmes, mais aussi par les députées elles-mêmes. De rares femmes politiques, comme le cas exemplaire de Martha Suplicy, ont prôné et réalisé l´articulation féminisme/ représentation politique. Dans les années 80, cette dernière était à la tête d´un programme matinal très populaire, appelé « TV-Femme-Globo », où elle menait discussions et débats sur la sexualité féminine, les rapports sexués, etc… Élue députée, elle est aujourd´hui la mairesse de São Paulo, la plus grande ville d´Amérique Latine ( plus de 20 millions d´habitants ), la quatrième sur le plan mondial, mais aussi l´une des plus problématiques villes au monde[6]. C´est donc en août 1995 que sur son initiative, la politique des quotas a été proposée ; Martha Suplicy a tenu à souligner cependant que : « Cette proposition ne doit pas être celle d´une femme individuelle, mais bien celle de toutes les femmes de la Chambre des Députés(…) ». (Malheiros Miguel, 2000 : 41), Et répondant à son appel, 26 des 29 députées, ont signé sa proposition polémique. La politique des quotas, prévoyait un pourcentage minimum de candidatures féminines présentées par les partis politiques aux élections (fédérales, provinciales et municipales) et le projet de loi proposé, suggérait la modification permanente du code électoral, en établissant un quota de 30% pour les femmes candidates . Cependant, dans un premier moment, cette politique de quotas a été établie uniquement pour les élections municipales de 1996, par la loi 9100, du 29 septembre 1995. En 1997, une nouvelle loi (No. 9504 du 30 septembre), a créé alors une politique permanente de quotas, qui définissait un minimum de 30% et un maximum de 70% pour les candidatures de chaque sexe pour toutes les instances : fédérales ( chambres : sénat et députés), provinciales ( gouverneurs) et municipales (maires) ( Miguel, 2000 :55) La politique des quotas, prévoyait un pourcentage minimal pour les candidatures féminines au sein des partis politiques et le projet de loi proposé suggérait la modification permanente du code électoral, en établissant un quota de 30% pour les candidates. Cependant, dans un premier moment, la politique des quotas a été établie ponctuellement, pour les élections municipales de 1996, par la loi 9100, du 29 septembre 1995. Ce n´est qu´ en 1997, que la loi 9504 du 30 septembre a crée une politique de quotas permanente, à tous les niveaux électoraux, qui définissait un minimum de 30% et un maximum de 70% pour les candidatures de chaque sexe. ( Miguel,2000 :55) Cette nuance répondait à la question de la discrimination des hommes, créée par les quotas destinés aux femmes. Cette « discrimination contre les hommes », fut l´un des arguments avancé, pour s´opposer aux quotas féminins, sous prétexte d´inconstitutionnalité. À cela, la députée Marina Serrano a donné une réponse cinglante : sans les quotas, dit-elle « (…) toute prétention à l´impartialité, à la parité ou à un équilibre minimal, serait mise en danger - comme elle l´a toujours été, d´ailleurs, – et les collègues me pardonneront – face à l´écrasante volonté masculine d´ occuper toujours plus d´espace politique. » ( Malheiros Miguel, 2000 : 47) Martha Suplicy a souligné que la proposition des quotas était une action affirmative, c´est-à-dire une sorte de discrimination positive : « cela signifie la réaction d´un groupe, qui refuse sa situation d´infériorité et de préjudice dans laquelle il est placé, et qui agit dans le but de faire changer les choses. » (Idem) Les députées brésiliennes, dans leur grande majorité, s´intéressent d´ailleurs aux propositions féministes : 75% d´entre elles déclarent connaître intégralement la Plate-forme Féministe d´Action Mondiale( Rodrigues, 2001 : 77) L´articulation entre les débats des mouvements féministes et la proposition faite par la députée à la Chambre, est ici évidente. L´ action affirmative, la discrimination positive, sont des notions contenues dans la « politique de présence », que j´ai soulignée plus haut, et qui étaient prônées par les mouvements féministes depuis de nombreuses années. Le projet sur la politique des quotas a, toutefois, été voté sans plus de difficultés – un seul parti a recommandé à ses députés de voter contre : mais après le résultat favorable, il s´est empressé de faire amende honorable. ( Rodrigues, 2001 :44) En vue de la préparation des élections de 2002 (septembre/octobre), les mouvements féministes ont réalisé une rencontre au sein du Parlement brésilien, à Brasilia : la Conférence Nationale des Femmes Brésiliennes (CNMB). Elle était le résultat des 26 Conférences réalisées dans les différents États, les 6 et 7 juin 2002, avec la participation de nombreuses femmes parlementaires. La réunion de 5 200 femmes, issues des mouvements féministes, a élaboré une Plate-forme Féministe, qui fut distribuée aux candidates et candidats aux élections de la même année. Il est intéressant de signaler ici, que les médias, ont passé sous silence cet événement . Malgré le fait que les femmes soient majoritaires au sein de l´électorat brésilien, le poids de la tradition androcentrique de contrôle et de pouvoir, ainsi qu´une auto-image négative du féminin, font que les femmes ne votent pas pour les femmes. On remarque un phénomène identique parmi les noirs brésiliens : une population de noirs et de métisses, n´élit que des blancs. Élections et régime des quotas : quel succès ? Les résultats des élections générales de 2002, ont été les suivants : Chambre des Députés Fédérale ( Chambre basse)--Élus-es -2002Femmes % Hommes % Total 42 8,19 471 91,81 513 Source: CFEMEA/Eleições 2002 données du Tribunal Superior Eléctoral: TSE – le 7 octobre 2002 Sénat ( Chambre Haute) Élus-es – 2002 Femmes % Hommes % 8 14,61 46 85,19% Source : Cfêmea/eleições 2002 –TSE- 10/10/2002
Le régime des quotas a-t-il présenté les résultats escomptés ? On constate ici, que la participation féminine est encore fort modeste aux élections de 2002, malgré tant d´années de féminisme militant. Loin d´atteindre les quotas de 30% réservés aux candidates, ces dernières élections confirment que les femmes n´ont pas encore dépassé le seuil des 10 % à la Chambre Basse. Une étude comparative nous montre les chiffres suivants : Chambre de Députés : Femmes élues Assemblées d´État : Femmes élues1994 % 1998 % 2002 % 1994 % 1998 % 2002 % 32 6,24 29 5,65 42 8,19 82 7,85 106 10,01 133 12,56 source : Cfêmea/ Eleições 2002 Ces résultats ne sont pas probants quant à l´augmentation des femmes élues, puisque la première expérience des quotas (1998), a fait baisser leur représentation, en nombres absolus et en pourcentage. Aux élections de 2002 par contre, on constate une légère augmentation de la représentation féminine, qui est bien loin encore d´une représentation au tiers. Serait-ce peut-être, à cause d´une articulation plus ténue entre les mouvements féministes entre eux et les femmes parlementaires ? En ce qui concerne les candidatures, les chiffres suivants ne montrent aucun accroissement constant, ni même spectaculaire. Le cas le plus marquant est celui des Assemblées Législatives des États, en franche évolution et qui atteste le travail des mouvements féministes locaux, en vue de la formation d´un leadership féminin. Candidates au Sénat ( Chambre Haute)1994 % 1998 % 2002 % 17 7,33 23 14,11 36 11,91 source : Cfêmea/ Eleições 2002 Candidates à la Chambre des Députés ( Chambre Basse)/ quotas Quota 0 quota 25% quota 30% 1994 % 1998 % 2002 % 185 6,15 348 10,37 509 11,52 source : Cfêmea/ Eleições 2002 Cette expérience montre que les quotas, qui se limitent aux candidatures, ne sont pas en mesure d´assurer une participation politique féminine importante, au sein des instances législatives. Les partis politiques se plaignent de ne pas trouver de femmes, qui veuillent s´engager dans la politique, afin que leurs quotas soient atteints. C´est ainsi que les mouvements féministes se sont articulés pour investir dans des programmes d´instruction, qui permettent aux femmes de développer le goût et les aptitudes pour le jeu politique Les mentalités et les représentations sociales ne changent pas à coups de législation. La représentation politique des femmes est encore très faible. Le système des quotas pour les candidatures féminines aux élections ne s´est pas montré assez fort, pour promouvoir les femmes contre le poids des traditions et de la division du travail ; mais son implantation a eu le mérite de montrer l´énormité de la discrimination. La dimension symbolique, de la présence des femmes dans les Chambres Législatives et aux postes de décision, n´est pas du tout négligeable, pas plus que leurs actions affirmatives. On retrouve cette même dimension symbolique du langage, lorsque la députée féministe, Martha Suplicy, a réussi à faire passer un amendement, qui oblige qu´apparaisse simultanément l´inscription des deux sexes des candidats, sur les bulletins électoraux. (par ex. Député-e) Ce sont des « détails », qui lèvent ce voile qui nous recouvre de silence. - Perspectives... Les femmes élues seraient-elles représentantes des intérêts des femmes et surtout existe-il des intérêts communs aux femmes ? La question sur la représentation politique des femmes au Parlement, semble indiquer un retour aux prémisses du sujet universel. Si l´expérience des femmes est singulière, pouvons-nous parler d´un groupe de femmes, ou bien encore définir le moyen de le représenter? Nous nous trouvons ici à nouveau, face à la dichotomie binaire « classique » individu/société, socle sur lequel repose la pensée occidentale: même si l´expérience des femmes est traversée de variables sociales et personnelles, il existe un féminin imagétique, créé par le social, grâce à des images et des représentations de valeurs et de normes qui moulent un profil de genre, désigné comme « femme ». La singularité de l´expérience n´efface pas les données qui généralisent l´ « être femme » dans le social. Il n´existe, certes pas, de féminin homogène, mais nous partageons des représentations qui définissent des comportements et des attitudes semblables, des représentations sociales qui créent le féminin Les femmes élues aux postes législatifs ne forment pas un groupe homogène : elles ont des expériences très dissemblables au niveau personnel, social et politique. En tant que femmes, cependant, elles partagent les situations d´exclusion et de domination, imposées par le système patriarcal encore très puissant au Brésil ; c´est ainsi que les intérêts « des femmes », peuvent gagner une « place au soleil » dans les forums politiques. . La politique des quotas, par la « discrimination positive », fait éclater en plein jour, l´aspect illusoire du « sujet universel », qui jusqu´alors n´a su représenter et légiférer qu´au masculin. La présence des femmes au Parlement, est également un facteur important, permettant la transformation des images, qui forgent les relations sexuées et la division du travail dans l´imaginaire social. De toute évidence, c´est la présence et les actions des femmes au Parlement brésilien, qui font la différence ( dans tous les sens) : une recherche récente indique que le Groupe Féminin du Parlement, est en grande majorité favorable aux droits des femmes et aux politiques pour la promotion de l´égalité de genre (Rodrigues, 2001 :90), soit un nombre supérieur à celui (favorable) des parlementaires hommes, qui représentent cependant plus de 80 % des élus à la chambre. Amélia Rodrigues, chercheure féministe du Cfêmea, abonde en ce sens « (…) ce Groupe (féminin) représente un point d´appui essentiel pour les mouvements des femmes, non seulement par sa représentation et son suivi des propositions législatives, mais également par l´argumentation et la sensibilisation des collègues parlementaires. » ( Idem) Selon cette étude, au niveau des trois instances de l´appareil d´État, l'appui donné à l´égalité de genre, par les parlementaires, femmes et les hommes, se pose de la façon suivante : Législatif Exécutif Judiciaire>Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes >100 58,5 72,2 27,1 66,7 31 >Rodrigues, 2001 :84 Lorsqu´il s´agit de redistribuer le pouvoir d´arbitrage ( judiciaire) et de décision ( exécutif), il apparaît ici, qu´un tiers des femmes députées se montre timide et que la grande majorité des hommes, défend farouchement ses positions. Par contre, la criminalisation de l´harcèlement sexuel, a regroupé 94,4% des femmes et 72,9% des hommes en sa faveur. En ce qui concerne la priorité budgétaire donnée aux politiques publiques destinées au genre, on constate un écart important : 94,4% des femmes favorables, contre seulement 48,4% des hommes. Même dans le cas du traitement des victimes de violence sexuelle, par le réseau hospitalier public, les hommes ne se montrent pas unanimes : 94,6% se montrent favorables. ( Idem : 84-85) Ces chiffres sont très expressifs quant à la nécessité de la présence des femmes au Parlement, afin de pouvoir imposer l´insertion des questions de genre dans les débats législatifs. Aujourd´hui, les mouvements féministes sont très actifs au Brésil. Leur action se concentre sur la conquête des instances du pouvoir et de décision politique et insiste donc sur la formation des leaders femmes. ( Costa, 2001) Leurs alliances avec les femmes parlementaires se sont multipliées, et nombreuses sont celles qui ont participé aux Conférences Mondiales sur les femmes, en attestant ainsi leur engagement dans les luttes et revendications féministes. Dans les années 90, dix campagnes nationales ont été lancées pour les droits des femmes et ceci, grâce aux articulations entre les mouvements féministes, les femmes parlementaires et quelques partenaires institutionnels. ( Rodrigues, 2001 : 11) Toutes les féministes savent que les transformations ne se font pas sans luttes et sans acharnement. Nous sommes sur le bon chemin. Références : Cfêmea- Centro Feminista de Estudos e Assessoria . 2002. Brasília, - www.cfemea.org.Br, octobre 2002(consultation) Costa, Delaine Martins. 2001.Capacitação de líderes femininas: uma reflexão sobre a experiência do IBAM, Estudos feministas, , vol.9, n.1, pp.213-224 De Lauretis, Teresa. ( 1984) Alice Doesn’t, Feminism , Semiotics, Cinema, Bloomington, Indiana University Press IBASE, 2002. www.ibase.org.br/paginas/advocac1.html, octobre 2002 ( consultation) Miguel, Sonia Malheiros. 2000. A política de cotas por sexo, um estudo das primeiras experiências no Legislativo brasileiro , Cfêmea , Brasília. Phillips, Ann.2001. De uma política de idéias a uma política de presença? Estudos feministas, vol.9, n.1, pp.268-290 PNUD, 2002 . http://www.undp.org.br/HDR/HDR2002/default.asp , octobre 2002 ( consultation Rago, Margareth. 1995/1996. Adeus ao feminismo? Cadernos AEL,” Mulher, História e feminismo”, Unicamp, Instituto de Filosofia e Ciências humanas Rodrigues, Almira.2001. Cidadania das mulheres e legislativo federal: novas e antigas questões em fins do século XX no Brasil, Centro Feminista de Estudos e Assessoria, Brasília. Soihet, Rachel. 2002. « Transgresser et conserver : Les femmes font la conquête de l´espace public. La contribution de Bertha Lutz » , Labrys, études féministes, n.1 et 2 ( numéro double), www.unb.br/ih/his/gefem, octobre, 2002 ( consultation) Yannoulas, Silvia Cristina.2002. Políticas públicas e relações de gênero no mercado de trabalho, Cfêmea/FIG/CIDA, Brasília. [1] Étant donné cette instabilité institutionnelle qui a atteint de plein fouet le Législatif, il s´avère difficile de présenter des statistiques fiables ou significatives, sur la présence des femmes au Parlement brésilien entre 1932, date à laquelle elles deviennent éligibles et les années 70, moment d´essor et de visibilité politique des mouvements des femmes et des féminismes au Brésil [2] L´actuel gouvernement de gauche a créé un Secrétariat pour les droits des femmes, avec un statut de ministère, dont la Secrétaire est issue des mouvements féministes. Ce même gouvernement, cependant, n´a réservé que quatre postes pour les femmes dans le corps ministériel. [3] « décideurs » : ce mot appartient au jargon féministe et est fréquemment utilisé par les média. Il s´agit évidemment de ceux qui occupent des postes-clefs dans les gouvernements, prennent les décisions , octroient les financements, choisissent les cibles à atteindre, etc… [4] Marina Silva, l´une des sénateures et actuelle ministre de l´environnement (2003), a eu une carrière foudroyante : issue des milieux les plus démunis, ceux des travailleurs de la région amazonienne qui font l´extraction du caoutchouc, d'une famille de onze enfants, elle a appris à lire et à écrire pendant son adolescence, a été employée domestique, et malgré les difficultés insoupçonnables, elle a réussi à gravir tous les échelons sociaux et politiques. Alors qu'elle obtenait toujours le plus grand nombre de votes dans son État (Acre), elle se présenta aux élections pour être sénateure et envoya le message suivant au Sénat brésilien : « J´arrive ». Elle fut élue en 1994, à l'âge de 38 ans, la plus jeune membre du Sénat de l´histoire de la République. Elle était connue comme la « Sénateure de la Forêt », et occupe actuellement le poste de Ministre de l´Environnement, dans le nouveau gouvernement de gauche, dont elle a été une éminente militante chevronnée. Ses discours pour les droits des femmes au Sénat, sont nombreux et enflammés. [5] Il est important de signaler, que les réseaux féministes brésiliens s´articulent entre eux et utilisent les fonds mis à la disposition des groupes de recherche et d´ action pour la promotion du statut des femmes. En effet, l´alliance des femmes parlementaires, avec les groupes de femmes, a été considérée cette année (2002), comme une stratégie d´ « empowerment » par le Rapport du Développement Humain. Ce rapport, reconnaît ainsi que, les résultat négatifs obtenus par les femmes sur le plan du développement mondial, est dû également à leur faible participation dans le monde économique et/ou dans les instances politiques. (PNUD,2002 :24) [6] Centre économique du Brésil, São Paulo abrite plus de 20 millions d´habitants, et attire les courants de la migration interne. L´extrême pauvreté y côtoie la richesse outrancière de la grande finance et des grosses industries. La criminalité y est très élevée – trafic de drogues, combats de gangs dans les rues, assassinats, kidnapping, et viols que l´on compte à la minute. Les bidonvilles surpeuplés, la pollution, les inondations, le chômage, une circulation insensée, la mendicité, font de cet immense amas de ciment, un territoire très difficile à cerner et à diriger. |